Obligation de Quitter le Territoire de la Lozère


(OQTL) pour le préfet Lambert



24 novembre 2014 | Par RESF- Mediapart.fr

Patricia Grime, Marie-Anne Colombain, Jean-Luc Galibert.


En Lozère, reflet de la France, de préfet en préfet, l’attitude se durcit face aux familles étrangères. Elle atteint aujourd’hui, avec Guillaume Lambert, un degré de plus dans l’intolérable.

Mais, en Lozère, il y a une tradition de « résistance ».

On n’a pas oublié tous les étrangers qui ont combattu aux côtés des Français dans les maquis, on n’a pas oublié les nombreux Arméniens, enrôlés dans l’armée allemande, qui ont déserté pour rejoindre les maquis.


Le discours prononcé lors de la manifestation le 20 novembre 2014 :

Aujourd’hui, la convention internationale des droits de l’enfant, adoptée par les Nations Unies, ratifiée par la France en 1990, célèbre son 25éme anniversaire.

Le Préfet de la Lozère en grand uniforme n’est pas parmi nous ce soir pour célébrer cet anniversaire.

Les politiques mises en place depuis maintenant une trentaine d’années par les gouvernements successifs, et particulièrement par le gouvernement actuel visent à expulser du territoire français un quota quotidien de presque une centaine de personnes, dont des enfants.


Le Préfet de la Lozère met toute son énergie et tout son zèle à contribuer à ce quota journalier.

Il a décidé, d’expulser dans les meilleurs délais 3 familles : 6 adultes et cinq enfants.

Peu lui importe que ces enfants n’aient jamais connu, ou n’aient pas de souvenir du pays dans lequel ils seront envoyés.

Peu lui importe pour ceux qui sont en âge d’être scolarisés qu’ils doivent oublier la langue qu’on leur apprend à l’école.

Peu lui importe qu’ils doivent abandonner des copains ou des copines de classe et de jeux, qu’ils doivent oublier les liens affectifs qu’ils ont créés avec des enfants de leur âge.


L’être humain, les enfants comme les adultes, sont pour ceux qui nous gouvernent des variables d’ajustement de l’économie.

Il y a encore une quarantaine d’années le Bumidom (Bureau des migrations des départements d’Outre-Mer), et l’OFI (Office Français de l’Immigration) sont allés chercher dans leur pays d’origine, des millions de personnes parce que l’économie avait besoin de bras.

La France n’a pas hésité à déporter des enfants réunionnais pour les placer comme commis dans les fermes, dans la Creuse, dans le Gers, en Lozère…


Aujourd’hui, c’est l’exacte politique inverse qui est mise en place.

On déporte dans l’autre sens hommes, femmes et enfants.

Cette politique mène à l’abjection : chaque jour en France des suicides, des menottages, des entravements forcés, des morts suspectes.


La pression constante que fait peser le Préfet sur ces familles est épouvantable : convocations à la Préfecture, interrogatoires, Ordre de Quitter le Territoire Français sous 30 jours, Ordre de quitter le Territoire Français sans délai, lettres recommandées, convocations au commissariat ou à la gendarmerie, changements de lieux de vie, prises de photographies, assignations à résidence.


M. le Préfet, nous vous invitons à aller jusqu’au bout de votre conscience :

nous vous invitons à passer une journée entière avec une de ces familles que vous voulez expulser.

Nous vous demandons de partager pendant 24 heures leur quotidien, leurs repas, leurs angoisses et leur désespoir.

Pendant 24h vous observerez leurs enfants, leurs jeux et vous répondrez à leurs questions.


Si vous refusez cette invitation, Monsieur le Préfet,  nous vous délivrons aujourd’hui une Obligation de Quitter le Territoire Lozérien sous huit jours.

Vous devrez passer dans les meilleurs délais au commissariat de Mende pour vous faire photographier et questionner.


En l’attente de votre départ, nous plaçons sous votre protection les peluches des enfants.

Elles sont le symbole de tout ce à quoi ils tiennent et qu’ils vont devoir laisser sur place.

Elles représentent leur petit bout de vie ici et l’espoir que vous leur arrachez et qu’ils ne pourront pas emmener dans l’avion.

Nous allons envoyer les peluches au préfet par télédéportation, et télédéportation il y aura.


À la fin de l’intervention de RESF, les manifestants ont été invités à prendre les peluches entassées autour du panneau « Place des Droits de l’Enfant » et à les envoyer, par télé déportation, par-dessus les grilles de la préfecture pour confier au préfet ces petits bouts de vie et l’espoir arrachés aux enfants qu’il veut expulser.


La vidéo de la télédéportation : http://www.dailymotion.com/video/x2aoinb_mobilisation-du-20-novembre-lance-de-peluches-dans-l-enceinte-de-la-prefecture_news


URL source:

http://blogs.mediapart.fr/blog/resf/241114/lozere-la-valls-des-armeniens-oqtl-pour-le-prefet-lambert