La notion de discriminationa permis de qualifier dans la sphère morale et juridique les stéréotypes et les préjugés qui ont des conséquences graves de refus de biens ou de services. Mais pour les pauvres, il semble que nos sociétés aient du mal à se rendre à l'évidence, tant les préjugés sont ancrés.


Les mots racisme, xénophobie, sexisme ou homophobie condamnent dans le langage de tous les jours des comportements néfastes. Et la loi les interdit. En ce qui concerne le rejet des plus démunis, il n'existe a pas de mot; nous sommes dans le non-dit ou dans l'euphémisme. Aussi on ne dira pas qu'on les rejette parce qu'ils sont pauvres, mais parce qu'ils sont fainéants, sans volonté, délinquants ou non coopératifs. La Cour européenne des droits de l'homme reconnaît pourtant la discrimination pour origine sociale, mais la France reste muette.


Or, cette forme de discrimination s'est intensifiée depuis une dizaine d'années. On n'hésite plus à présenter les personnes démunies comme un poids pour la société dont elles profiteraient. Cette stigmatisation bat en brèche le droit à l'éducation, quand des enfants ne peuvent apprendre, tant l'image qu'on leur renvoie d'eux-mêmes leur fait honte. Elle menace également le droit au logement, quand certains habitants refusent la construction de logements sociaux dans leur quartier, ou encore le droit au travail, quand on refuse d'embaucher quelqu'un à cause du lieu où il habite. Enfin, le refus par certains praticiens de soigner les bénéficiaires de la CMU fragilise le droit à la santé.


Bruno TARDIEU, délégué national d'ATD Quart Monde, Alternatives Économiques n° 297 - décembre 2010

www.alternatives-economiques.fr/la-discrimination-envers-les-pauvres-reste-impunie_fr_art_978_51920.html



La pauvreté,

une discrimination non identifiée


On peut choisir de ne pas être pauvre dans notre société. N’est-ce pas là une affirmation dénuée de sens ? Pourtant, elle semble faire consensus dans un imaginaire collectif souvent empreint d’idées fausses . Les pauvres sont suspectés d’être frauduleusement pour quelque chose dans leur situation. Elles et ils cumulent et profitent des avantages de leur précarité en percevant, sans honte, le revenu de solidarité active (RSA) ou l’aide à l’acquisition d’une couverture maladie complémentaire (ACS), et en bénéficiant, si facilement et sans dignité, de la couverture maladie universelle (CMU). L’association de ces deux ...



A lire dans le journal Libération :

http://www.liberation.fr/societe/2015/05/25/la-pauvrete-une-discrimination-non-identifiee_1316321

Pages Rebonds, par la sociologue Djaouida SÉHILI, le 25 mai 2015.


L’appréhension aux migrants se nourrit, entre autre, de cette discrimination des précarisés sociaux.

C'est notamment évident pour la condition faîte aux Rroms : destruction périodique de leur habitat, déplacements décourageant les efforts de scolarisation, refus de relever les poubelles...