HOLLANDE, UN AN APRES TOUJOURS PAS DE RUPTURE

L’élection de François Hollande laissait espérer une véritable rupture avec la politique d’immigration brutale et inefficace conduite ces dernières années. Un an après, La Cimade regrette le choix d’une politique qui s’inscrit essentiellement dans la continuité de la précédente.

Certes, le gouvernement actuel traite un peu mieux les étudiants étrangers, a mis fin à la franchise de l’Aide médicale d’État et au délit de solidarité, a facilité la régularisation de quelques catégories de personnes sans-papiers, mais où est le renversement de politique, le changement de perspective attendu ?

 

Des mesures limitées

Plutôt que d’engager immédiatement une réforme d’ampleur de l’ensemble de la politique d’immigration et d’asile, le gouvernement s’est contenté jusqu’à maintenant d’organiser des consultations, de commander des rapports et de publier quelques circulaires, qui sont largement insuffisantes. Ce choix illustre le peu d’empressement de l’exécutif à toucher au dispositif en place.

 

Une lenteur coupable face à l’urgence

Le gouvernement ne semble pas mesurer l’urgence. Pendant qu’il organise des consultations, des milliers d’hommes et de femmes se confrontent aux refus arbitraires des préfectures, sont expulsés sans pouvoir faire valoir leurs droits ou tentent de survivre sans hébergement. Il est des mesures qui ne nécessitent aucun rapport d’enquête pour évaluer leur impact et qui auraient pu être proposées immédiatement par le gouvernement pour revenir sur certaines des dispositions les plus absurdes et répressives créées par le gouvernement précédent. Par exemple le retour de l’intervention du juge des libertés et de la détention à deux jours au lieu de cinq, la réduction de la durée maximale de rétention ou encore la suppression des taxes exorbitantes lors de la demande de titres de séjour.

 

Des silences plutôt qu’un changement de discours

La Cimade espérait également une rupture radicale dans les discours sur l’immigration. Sous le quinquennat précédent, la stigmatisation et la xénophobie avaient été portées au plus haut sommet de l’État.

Plutôt que de revenir ouvertement sur les amalgames diffusés ces dernières années, le gouvernement préfère taire cette question.

 

Le choix d’une politique d’immigration est un choix de société. Il ne s’agit pas d’une question subsidiaire qu’on pourrait traiter en prenant son temps, par petites touches, en segmentant. Il s’agit de refonder un vivre-ensemble, en s’attaquant frontalement aux questions d’inégalités de droits, de racisme et de xénophobie pour défendre nos valeurs mises en péril : la solidarité, l’égalité, la justice et l’hospitalité.

 

 

Communiqué de presse – 02.05.2013

http://www.lacimade.org/communiques/4405-Hollande--un-an-apr-s-toujours-pas-de-rupture