Mort, à Roissy,

d'un Algérien en cours d'expulsion

Une information judiciaire pour "homicide involontaire"

a été ouverte après la mort d'un Algérien

pendant son transfert vers l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle.


Un Algérien de 51 ansqui devait prendre l'avion pour être expulsé de France est mort, jeudi 22 août 2014 au soir.

Un juge d'instruction a été chargé de l'ensemble des investigations

"de nature à établir les circonstances qui ont conduit à ce décès, a priori accidentel",

a déclaré le parquet dans un communiqué.


Le sans-papier a quitté le Centre de rétention administrative (CRA) de Vincennes (Val-de-Marne), où il était retenu, jeudi 21 août, dans un fourgon en direction de l'aéroport de Roissy.

Escorté par des policiers, l'homme a fait un malaise sur la route, selon une source policière, interrogée par l'AFP.

"En arrivant à Roissy, les policiers se sont aperçus qu'il était en train de faire un malaise dans le fourgon, et malgré les secours prodigués, il est décédé d'une crise cardiaque",

a-t-elle précisé.


Le voyage se serait, "semble-t-il", déroulé sans incident, a indiqué plus tôt dans la journée une source policière à l'AFP.

De son côté, l'avocat de la victime, Sohil Boudjellal,

assure au contraire que le contexte de cette expulsion était"extrêmement tendu".

"Il ne voulait pas se faire expulser, car toutes les voies de recours n'avaient pas été épuisées", a-t-il déclaré.


"Le chef d'escorte, que j'ai eu au téléphone le jeudi soir, n'a rien voulu entendre et voulait quoi qu'il arrive procéder à l'expulsion.

Il a été pris par la force.

Il a probablement dû se débattre".

"Mr Goradia est un homme en pleine forme, sans aucun problème de santé.

Ils étaient quatre policiers autour de lui.

Un retenu du centre m’a tout à l’heure appelé en m’indiquant que cela avait fait beaucoup de bruit et qu’il était sorti menotté, casquéde sa chambre"


Des hématomes sont visibles sur le visage de l'Algérien décédé jeudi lors de son expulsion de France, ont déclaré dimanche deux de ses proches qui ont pu voir son corps.


"Les premiers résultats de l'autopsie pratiquée ce jour sur le corps, dans le cadre de l'enquête en recherches des causes de la mort (...), conduisent le procureur de la République à ouvrir ce jour une information judiciaire du chef d'homicide involontaire contre X",

a déclaré le parquet dans un communiqué.

L'autopsie a montré que «la mort été provoquée par une asphyxiedue à une régurgitation gastrique».


Depuis 2000, l'homme avait été condamné plus d'une dizaine de fois en France notamment pour des vols, des escroqueries et des actes de violence.

Le ressortissant algérien a effectué plusieurs séjours en prison.

Il était d'ailleurs incarcéré lorsque la décision de l'expulsion a été prise.

Il a donc été transféré d'une prison au Centre de rétention administrative de Vincennes.

Il s'agit de la pratique de la double condamnation qui n'est possible que pour les étrangers (donc non équitable!) : prison, puis expulsion.


Ce ressortissant algérien sans papier faisait l'objet d'un arrêté ministériel d'expulsion en date du 12 août.

Quatre jours plus tard, il s'était très violemment opposé à une première tentative d'expulsion et avait dû être reconduit au Centre de rétention de Vincennes.

Il avait fait appel de la décision de l'expulser "parce qu'il a un fils de six ans né en France pendant sa détention", a précisé ce proche.


"Les missions d'éloignement sont des missions humainement toujours compliquées.

Les policiers font très souvent face à des situations particulièrement tendues.

Ils doivent gérer la détresse et la colère d'individus qui peuvent se montrer extrêmement violents",

a déclaré (!) Pierre-Henry Brandet, porte-parole du ministère de l'Intérieur.


Le ministre algérien des Affaires étrangèresa demandé à son ambassade à Paris de recueillir les informations «officielles et précises» sur les circonstances du décès d'un Algérien en cours d'expulsion, a annoncé son porte-parole, Abdelaziz Benali Cherif.


A ce stade, rien ne permet de dire si les policiers ont utilisé la force pour maîtriser cet homme.

Mais l’usage, par exemple, de "la clé de bras autour du cou" fait partie des moyens de contrainte enseignés aux policiers escorteurs pour immobiliser un étranger opposé à son expulsion, pratique qui a déjà provoqué des morts par étouffement.

L'utilisation de cousins ou de s’asseoir sur le corps plié en deux est également évoqué dans des cas similaires, en France et en Belgique.


(compilation de sources diverses - 08/2014)