SYRIENS :

LES PORTES FERMÉES

DE L’UNION EUROPÉENNE


Passeurs d'hospitalités passeursdhospitalites


Les manifestations des exilés syriens à Calais, où ils se sont rassemblés quotidiennement pendant vingt jours - ils se sont arrêtés jeudi dernier (fin novembre).

Plus de 3 millions de Syriens ont quitté leur pays en raison de la guerre.

Les États de l'Union européenne en ont accueilli 33 000 au total dans le cadre de programmes de réinstallation, soit 1% des réfugiés syriens.


Sur ces 33 000, l'Allemagne a elle seule en a accueilli 28 500.

Les 27 autres États de l'UE tous ensemble en ont donc accueilli 4 500, soit... 0,15%.


La seule alternative pour obtenir la protection de l'Europe est de franchir illégalement ses frontières, avec les risques que cela comporte.

Les gardes-frontières et les gardes-côtes des différents États européens sont là pour les en empêcher,

et au besoin pour les refouler à la frontière (ce qui est aussi illégal en droit international),

mais aussi les missions de Frontex, l'agence européenne pour la surveillance des frontières extérieures de l'UE.

La Grèce et Bulgarie ont aussi dressé des clôtures à leur frontière avec la Turquie.


Mais il ne suffit pas d'entrer dans l'Union européenne, il faut ensuite gagner un État susceptible de vous accueillir.

Les États frontaliers ont en effet une politique de non-accueil.


À Calais, au cœur de l'Europe,ils sont coincés entre la politique française de non-accueil, qui consiste à laisser les demandeurs d'asile à la rue avant d'accéder au guichet qui leur permettra d'entrer la procédure de demande d'asile, puis pendant des semaines ou des mois, et la fermeture de la frontière britannique.


Ils venaient chercher une protection, l'Europe en fait des parias.

Jusqu'à ce qu'ils atteignent enfin un pays qui leur donne une chance d'obtenir l'asile, de s'intégrer et de reconstruire leur vie…

À condition que leurs empreintes digitales n'aient pas été prises, parfois de force, dans le pays par lequel ils sont entrés dans l'Union européenne.

Auquel cas c'est le pays d'entrée, Bulgarie, Italie, Hongrie (on ne renvoie plus en Grèce tellement les conditions y sont mauvaises) qui est responsable de la demande d'asile selon la législation européenne (règlement Dublin III), et ils vont y être renvoyés.


Et alors commence une longue errance, chargée de l'angoisse pour la famille restée en Syrie, et que le premier arrivé en Europe était sensé faire venir ou aider.

Passeurs d'hospitalités, 11-2014, passeursdhospitalites


SYRIENS À CALAIS


Depuis deux semaines, les Syriens à Calais manifestentpour obtenir le droit d'accéder légalement au territoire britannique pour y déposer une demande d'asile.

Ce faisant, ils mettent les États européens face à leurs contradictions.


Face à la dictature de Bachar el-Hassad, fils et successeur de Hafez el-Hassad, les Syriens se soulèvent il y a trois ans comme d'autre pays arabes comme instaurer la démocratie dans leur pays.

Face à un conflit qui s'éternise et à l'absence de soutien de la communauté internationale, certains d'entre eux se tournent vers l'Europe pour y trouver a sécurité, moins pour eux-mêmes que pour leur famille.

Ils se retrouvent face à une Europe fermée aux réfugiés, et ceux arrivent jusqu'à Calais ont franchis de multiples frontières, survécu aux naufrages en Méditerranée.

Après avoir franchi les frontières de l'Europe, ils se trouvent face aux politiques répulsives d'États européens comme la France, qui laisse les demandeurs d'asile pendant des mois, parfois des années, à la rue, histoire de dissuader quiconque de s'arrêter sur son sol pour lui demander protection.

Ils continuent alors vers d'autres pays, comme le Royaume-uni.

Lequel se mure derrière ses frontières maritimes.


Et là, quand le passage devient trop dur, ils refusent la règle du jeu que leur imposent les États. Ils rappellent la Convention de Genève, et leur droit d'obtenir une protection en Europe, sans avoir à passer des mois à la rue comme le leur impose la France.

Ils demandent à l'État voisin, le Royaume-uni, où ils pensent avoir de meilleures chances d'intégration, parce que liens familiaux, présence d'amis, connaissance de la langue, de pouvoir entrer légalement dans le pays pour y faire leur demande d'asile.

Et ils rappellent que ce sont les États, en fermant leur porte, qui les obligent à franchir illégalement des frontières, et qui permettent aux passeurs de s'enrichir.


Au jour d'aujourd'hui, après deux semaines de manifestation, ni les autorités britanniquesni les autorités françaises n'ont apporté la moindre réponse à leurs demandes.


Tant il est vrai qu'elles ont choisi de fuir les problèmes plutôt que de les résoudre. Quitte à dépenser des millions pour ça.

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