Des lycéens ont bloqué plusieurs établissements jeudi matin (17-10) à Paris pour protester

contre les expulsions d'élèves étrangers

 

Publié le 17.10.2013 – Le Parisien

AFP/KENZO TRIBOUILLARD

 

Après la médiatique expulsion de la collégienne Léonarda, remise à la police lors d'une sortie scolaire, des lycéens bloquent plusieurs établissements ce jeudi matin à Paris pour protester contre les expulsions d'élèves étrangers, après celle, très médiatisée, de la collégienne Léonarda, remise à la police lors d'une sortie scolaire.

 

Quatorze lycées étaient perturbés, a précisé dans la matinée le rectorat, qui avait indiqué plus tôt que les lycées Maurice-Ravel, Hélène-Boucher, Charlemagne et Sophie-Germain étaient bloqués et que les entrées étaient «filtrées» dans deux autres établissements.

Des manifestations étaient aussi en cours jeudi matin devant les lycées Voltaire et Turgot.

 

«Le mot d'ordre c'est de se mobiliser pour le retour des lycéens expulsés», explique Steven Nassiri, porte-parole du syndicat lycéen FIDL, qui manifestait jeudi matin devant le lycée Charlemagne à Paris.

«C'est inadmissible que sous un gouvernement de gauche, on doive montrer ses papiers pour entrer au lycée. Tout le monde a le droit à une éducation», estime le jeune responsable lycéen.

 

Les élèves mobilisés réclament le retour de la collégienne kosovare Léonarda, expulsée du Doubs après avoir été remise à la police lors d'une sortie scolaire,

et celui de Khatchik Kachatryan, élève au lycée parisien Camille-Jénatzy, expulsé samedi vers l'Arménie.

 

 Mercredi, plusieurs centaines de lycéens s'étaient rassemblés devant le rectorat de Paris avec le même mot d'ordre.

 http://www.midilibre.fr/2013/10/17/expulsioon-de-leonarda-quatorze-lycees-parisiens-bloques-par-des-eleves,770990.php

Leur école est ici, leur vie aussi !

 

Il y a quelques jours, Khatchik, lycéen de 19 ans en apprentissage, et Léonarda, collégienne de 15 ans, ont vu leur scolarité brutalement interrompue et ont été expulsés du territoire.

Immédiatement des milliers de jeunes sont sortis dans les rues pour exiger leur retour, et l’arrêt des expulsions de jeunes scolarisés et bien intégrés dans notre pays.

 

Cette mobilisation n’est pas passée inaperçue et a poussé le président de la République à s’exprimer.

Mais sa réponse n’est pas suffisante. Il ne s’agit pas du seul cas médiatique de Léonarda.

Ce que nous demandons, c’est que plus aucun de nos camarades de classe ou d’amphi ne soit expulsé vers un pays, que souvent il ne connaît même pas.

 

Nous refusons de voir des vies gâchées à cause d’une loi injuste.

Nous refusons que la peur de l’étranger prenne le dessus et piétine l’intégration par l’école.

Nous refusons de voir notre pays se replier sur lui-même alors que c’est son modèle de solidarité qui fait sa force.

Nous vivons ensemble, nous étudions ensemble, nous voulons rester ensemble.

 

Pour surmonter les peurs, nous devons être le plus nombreux possible à le dire.

Le 5 novembre, tous dans la rue pour faire de l’intégration scolaire un critère prioritaire de régularisation des jeunes sans papiers.

C’est maintenant qu’il faut parler, c’est maintenant qu’ils ont besoin de nous.

 http://www.leur-ecole-est-ici.fr

Stéphane FRATACCI, préfet du Doubs et ex-secrétaire général à l’Immigration du ministère de l’Intérieur sous la présidence de Nicolas Sarkozy, a fait procéder manu militari à l’interpellation de Léonarda, jeune collégienne Kosovare le 9 octobre dernier, lors d’une sortie scolaire.

 

Sa famille avait été déboutée de ses demandes d’asile et d’admission exceptionnelle au séjour, au motif d’une « durée insuffisante de résidence en France ».

Il est vrai qu’arrivée avec sa famille le 26 janvier 2009 en France, il manquait quelques mois à Léonarda pour atteindre les cinq ans irréguliers de présence en France nécessaires en principe pour prétendre à une admission exceptionnelle au séjour.

Mais la circulaire du 28 novembre 2012 n’instaure pas ce critère en dogme absolu, puisqu’elle précise « durée de séjour qui ne pourra qu’exceptionnellement être inférieure à 5 ans ».

 

Et justement pour Léonarda, il y a exception.

Cette jeune fille de 15 ans est scolarisée depuis plus de trois ans.

 

Elle parle couramment Français et a exprimé le désir de poursuivre sa scolarité en France. Issue d’une famille Rom Kosovare, elle a consenti, selon ses professeurs, « beaucoup d’efforts pour intégrer notre culture, nos règles de vie ».

Communiqué de presse RESF  (24/06/13)

PARRAINAGE DE LYCEENS SANS PAPIERS PAR DES CONSEILLERS REGIONAUX DES GROUPES DE LA MAJORITE DE GAUCHE DU CONSEIL REGIONAL D’ILE-DE-FRANCE

 

Soixante lycéens sans papiers ont été parrainés le 24 juin 2013 au Conseil régional d’Ile de France par cinquante élus des groupes de la majorité (PS, EELV, Front de gauche PCF, Radicaux de gauche, Front de gauche PG et Alternatifs).

Présidée par Henriette Zoughebi, vice-présidente du Conseil régional en charge des lycées, la cérémonie était animée par Lilian Thuram, président de la Fondation contre le racisme,  la réalisatrice Mona Achache, la comédienne et réalisatrice Josiane Balasko, l’écrivaine Agnès Desarthe et le médecin urgentiste Patrick Pelloux.

A tour de rôle, chacun d’eux interpellait un conseiller, lui proposant, avec quelques mots sur la vie du jeune et souvent quelques remarques sur la situation politique, de prendre un jeune sous sa protection.

Le parrain sollicité confirmait son acceptation en quelques phrases, souvent bien senties, sur le sort fait à ces jeunes et sur le respect des engagements en politique.

 

Par delà la diversité de leurs talents, de leurs styles et de leurs situations, élus et personnalités se sont retrouvés pour dénoncer l’injustice du sort fait aux élèves sans papiers, les assurer de leur solidarité et afficher leur détermination à peser pour que les choses changent. Pour que soient régularisés, de droit, les élèves qui étaient parrainés, mais aussi tous les autres, tous les jeunes scolarisés dans ce pays. En un mot, pour que la loi change.

 

Cette initiative du Conseil régional est importante. Pour des raisons multiples. Parce que, pour la première fois depuis mai 2012, une collectivité régionale de premier plan prend publiquement position sur la question des jeunes majeurs sans papiers scolarisés.

Le Conseil régional Ile de France avait adopté en 2010 une résolution prenant les lycéens sans papiers sous sa protection.

Il avait parrainé plusieurs dizaines d’entre eux dans son hémicycle en mai 2011, dont plus de 60 % ont été régularisés depuis.

Son geste d’aujourd’hui témoigne de sa fidélité et de celle de sa majorité à leurs engagements qui l’emportent sur les considérations partisanes.

 

Cet engagement de personnalités à leurs côtés est pour ces jeunes une reconnaissance et une réparation. Leur statut de sans papiers leur est (à tort, bien sûr, mais c’est ainsi), une blessure profonde, une humiliation.

Voir des élus ceints de leur écharpe, au siège d’une institution, des personnalités connues et reconnues, leur manifester solidarité, amitié, estime et encouragements est un geste profondément réparateur.

 

Ce geste est aussi, d’une certaine façon, le reflet de l’évolution en profondeur de la société française qui, de plus en plus, et en dépit des dérobades ce certains sur la question, se sait métissée et l’assume, voire le revendique quoi que prétendent l’extrême-droite et ses plagiaires de la droite décomplexée.

Il ne reste plus aux autorités et au gouvernement en place qu’à trouver les moyens de le reconnaître et de le faire entrer dans les textes légaux.

 

Contacts: Armelle Gardien 06 89 49 48 47 Marianne Cabaret-Rossi 06 33 77 18 43 Richard Moyon 06 12 17 63 81